Histoire Ancienne de la France

Des Celtes aux Bourbons

« A’ partir seulement de la fin du x° siècle, l’être social qui porte ce nom (la France) (…) est formé, il existe (…). Nous datons de là ; ce ne sera plus de Gaulois, de Francs et de Romains, mais de Français, de nous-même qu’il sera question. »

François Guizot, Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l’Empire romain, 1845.

Origines : Les Celtes, les Romains, les Francs

Habité depuis la préhistoire, le territoire qui correspond à la France d'aujourd'hui a été conquis par les Celtes au cours du 1er millénaire avant J.-C., puis par les Romains du 2e au 1er siècle avant J.-C.. Avec la défaite d'Alésia en 52 avant JC. Vercingétorix se rend à Jules César, c'est à cette époque qu'elle est intégrée comme province à l'Empire sous le nom de Gaule et soumise à un intense effort de romanisation qui donne naissance à une civilisation gallo-romaine prospère. En 212, avec l'édit de Caracalla (né à Lyon en 188 après JC), la citoyenneté romaine a été étendue à tous les citoyens de l'empire. Mais entre le IIIe et le Ve siècle de notre ère, la pénétration de plus en plus massive des populations barbares et la chute de l'Empire romain d'Occident (476) modifient radicalement ces équilibres. Et parmi les différents peuples qui s'installent dans la région - notamment les Visigoths, les Burgondes et les Francs - ce sont ces derniers qui l'emportent et reconstituent l'unité de la Gaule.

Les Mérovingiens

C'est Clovis, roi des Francs de 481 à 511 et fondateur de la dynastie mérovingienne, qui fut le principal acteur de ce changement. Il réussit à vaincre les Alamans et les Visigoths, à étendre considérablement les frontières de son royaume et à encourager la conversion de son peuple au christianisme catholique. Il est lui-même baptisé en 496, obtenant ainsi le soutien de l'Église et ouvrant la voie à une intégration plus forte entre les Francs et les peuples subordonnés. À sa mort, le royaume est partagé entre ses quatre fils : Thierry Ier, Clodomir, Clotaire Ier et Childebert Ier. Ils continuent à étendre les territoires francs, acquérant le Royaume des Burgondes et la Provence entre 534 et 537. La dynastie a régné pendant des siècles, mais elle a été progressivement affaiblie par des crises dynastiques continuelles.

Dans ce cadre, les plus hauts fonctionnaires et conseillers de la monarchie ont acquis un pouvoir croissant. Parmi eux, Pépin d'Héristal, Charles Martel et Pépin le Bref émergent au XVIIe siècle. L'année 700 après J.-C. est caractérisée par des raids musulmans continus et ce n'est qu'avec la bataille de Poitiers en octobre 732, opposant l'armée arabo-musulmane d'Abd al-Rahman à l'armée franque de Charles Martel (maître de palais au service des Mérovingiens) que l'expansion de l'Islam en Europe est stoppée. C'est Pépin III, surnommé " le bref ", qui, en 751, déposa les Mérovingiens et prit la couronne franque, donnant ainsi naissance à la dynastie carolingienne.

Carolingiens et Capétiens

Le plus important personnage de cette nouvelle dynastie est Charlemagne, qui devient roi en 771. Il joue un rôle décisif dans le développement de la puissance des Francs, étendant leurs frontières vers l'est (Lombardie, Bavière et Saxe), consolidant les relations entre la couronne et la papauté et procédant à une profonde réorganisation du pouvoir royal puis impérial avec la consécration du pape, devenant empereur en 800. Quelques années après sa mort en 814, l'Empire carolingien perd son unité et, avec le traité de Verdun (843), une grande partie du territoire français est attribuée à Charles le Chauve. Dès lors, avec le bref intermède de Charles le Grand (881-887), le destin de la France reste séparé de celui de l'Empire, dans un contexte dominé par de profondes tendances centrifuges et la menace constante de nouvelles incursions étrangères. En effet, à partir de 799 à Noirmoutier (une île de Vendée), les raids vikings deviennent de plus en plus fréquents et se multiplient à partir de 833. La ville de Rouen est brûlée en 841, deux ans plus tard c'est le tour de la ville de Nantes et en 845 de la ville de Paris. Le duché de Normandie est né, accordé au roi viking Rollon, qui s'est converti au christianisme et, selon la légende, a épousé la fille de Charles III. Le traité de Verdun crée une entité germanophone à l'est et une entité romanophone à l'ouest. C'est à partir de cette époque, à bien des égards, que l'on peut commencer à parler de la Frontière.

Lorsque Hugh Capet est couronné roi en 987, la dynastie capétienne voit le jour et gouverne la France en ligne directe jusqu'en 1328. Durant cette phase, au cours de laquelle le système féodal se développe, la monarchie s'efforce de renforcer ses prérogatives en opposition à la grande noblesse et aux prétentions universalistes de l'Empire et de l'Église.

Les guerres des Valois

Avec la fin de la descendance directe de la dynastie capétienne, c'est la branche des Valois qui détient la couronne de France pendant plus de deux siècles et demi, de 1328 à 1589. Cette phase cruciale de l'histoire de France débute avec la guerre de Cent Ans, qui oppose la France à l'Angleterre entre 1337 et 1453. Le conflit a eu un déroulement militaire extrêmement complexe et des coûts économiques et sociaux très élevés. Cependant, elle a considérablement renforcé le pouvoir de la monarchie et jeté les bases de la construction de l'État moderne, qui a fait des progrès significatifs aux 15e et 16e siècles. En outre, le 1er novembre 1327, un navire a accosté dans le port de Marseille avec une terrible maladie, la peste, qui a réduit la population de moitié en seulement cinq ans. En 1356, l'armée française est défaite à Poitiers par le Prince Noir, commandant de l'armée anglaise. En 1415, le royaume français subit une nouvelle défaite à Azincourt. En 1431, Jeanne d'Arc meurt et devient une icône nationale : elle reconquiert à la France une partie du territoire tombé aux mains des Anglais pendant la guerre de Cent Ans, contribuant à restaurer sa fortune en dirigeant victorieusement les armées françaises contre les Anglais. Capturée par les Bourguignons aux portes de Compiègne, Jeanne fut vendue aux Anglais pour une somme modeste. Les Anglais la font juger pour hérésie et la condamnent à 77 chefs d'accusation, à l'issue desquels, le 30 mai 1431, elle est condamnée au bûcher et brûlée vive.

Les guerres d'Italie

Dans ce nouveau contexte, la France tente d'assurer une position hégémonique en Europe par le biais d'une politique expansionniste à l'égard de la péninsule italienne, qui est à l'époque profondément fragmentée en de nombreux États rivaux. Cela conduit, entre 1494 et 1559, aux guerres d'Italie, qui voient surtout la France et l'Espagne s'affronter, et qui se terminent par l'échec substantiel des visées françaises et le triomphe de l'hégémonie espagnole. À partir de 1494, Charles VIII considère la péninsule comme la porte de l'Orient, mais aussi comme un territoire divisé, traversé par diverses crises dynastiques. À sa mort en 1498, Louis XII lui succède et poursuit son œuvre de conquête. Malgré ses victoires à Venise et à Ravenne, il est vaincu à Novare en 1513 par Maximilien Sforza. Affaiblie par les guerres et déchirée de l'intérieur par les effets de la Réforme protestante et le conflit entre catholiques et huguenots, la France traverse une profonde crise dans la seconde moitié du XVIe siècle, qui débouche sur les guerres de religion. Il s'agit d'une véritable guerre civile, qui s'achève à la fin du siècle lorsque le roi Henri IV de Bourbon, après s'être converti du protestantisme au catholicisme, établit la coexistence entre les deux confessions au sein de l'État par l'édit de Nantes (1598).

Des Bourbons à la guerre de 7 ans

Henri IV (1589-1610) est le symbole du début de la dynastie des Bourbons, qui restera au pouvoir - à l'exception des années de la Révolution française - jusqu'en 1830. L'arrivée au pouvoir des Bourbons coïncide avec le début d'une phase de grand renforcement de la monarchie qui, par l'action d'Henri IV lui-même, de Louis XIII (1610-43) puis surtout de Louis XIV (1643-1715) - ainsi que d'hommes d'État comme Richelieu et Mazarin - prend les caractéristiques d'une monarchie absolue. Au cours de ces années, la couronne réussit à neutraliser les tendances centrifuges de la grande aristocratie (qui se voit également dotée d'immenses privilèges) et à concentrer d'énormes pouvoirs entre ses mains. Tout cela s'est déroulé dans le contexte de l'assujettissement de l'Église nationale, d'un puissant développement économique selon les principes du mercantilisme et du principe du droit divin du roi. Ce processus atteint son point culminant à l'époque de Louis XIV, qui tente une nouvelle fois de jouer la carte de l'expansionnisme militariste, fort de la position de prééminence que la France avait en fait assumée en Europe après la guerre de Trente Ans (1618-48). Les guerres dans lesquelles il engage le pays saignent les caisses de l'État, entraînent la défaillance du projet hégémonique français et jettent les bases de la crise de légitimité et de la longue agonie du système absolutiste qui prend fin au XVIIIe siècle avec Louis XV (1715-74) puis surtout avec Louis XVI (1774-92). Entre 1756 et 1763 a lieu ce qui, pour certains (dont Wiston Churchill), est la première guerre à l'échelle mondiale. La cause de la guerre était l'invasion de la Saxe (alliée aux Français) par les Prussiens (alliés aux Anglais). La guerre s'est terminée par une série de traités de paix séparés entre les différents belligérants. Le Royaume-Uni triomphe dans le conflit et obtient les gains territoriaux et politiques les plus importants : les Britanniques obtiennent de la France la cession de ce qui est aujourd'hui le Canada.